mercredi 4 novembre 2015

Vivement l’automne!

Photo; Rémy M. Gagnon

Dans le sillon de promenades automnales, le temps file vers l’hiver aussi vite que tombent les feuilles. Ces feuilles, multicolores, virevoltent au vent et nous offrent un spectacle, flamboyant et coloré. N’est-ce pas là une richesse, du moins, au plan visuel? D’autant plus que les touristes peuvent s’en émerveiller. Qui a dit que l’automne devait être morose? La nature de la vie comporte en son sein le changement. Le meilleur, le pire. Ce temps de l’année a beaucoup à nous offrir, tout dépend du point de vue que nous prenons. Ici, réjouissons-nous, nos cinq sens trouveront la voie du bonheur.

Avant tout, croquons un bout d’histoire.

Anciennement, au Québec du 19e et 20e siècle, cette saison de métamorphose était l’occasion pour les habitants du Québec, pour ne parler que d’ici, de préparer la saison froide, sachant que celle-ci venue, l’agriculture n’est pas possible. Les terres dorment sous l’épais manteau blanc et cristallin. Tous  savaient que pour passer l’hiver sans manquer de fruits et légumes, les conserves demeuraient la solution principale de conservation. Ainsi, les ménagères préparaient conserves de marinades et confitures de tous les genres. On vivait dans la réalité de ce qui se trouvait sur les tablettes du magasin d’alimentation en période hivernale, surtout des légumes-racine. En temps voulu, on sortait de la chambre froide les pots « Masson » savamment préparés. Betteraves, légumes et ketchups offraient à nos aïeuls les nutriments nécessaires pour restaurer leurs forces.

Paradoxalement, depuis l’année passée, un certain engouement pour les conserves a repris. Entendons-nous pour parler de ceux pour qui l’habitude n’a jamais été. Plusieurs en ont le faisait déjà, tradition souvent issue d’une autre époque. Cela est-il un coup de marketing-communication pour vendre des magazines, une conscientisation de nos habitudes de consommation  ou un retour aux traditions? Probablement que toutes ces  réponses s’avèrent vraies. Rappelons ici que la conscientisation à propos de notre consommation de denrées a impact sur l’environnement. L’hiver venu, avec nos raisins et oranges qui ont parcouru 4000 km pour atterrir dans nos assiettes, il appert que nous devons nous questionner sur l’impact que cela a sur les changements climatiques. Manger local se trouve à être une alternative efficace. Sans dire que tout le monde doit se lancer dans l’activité laborieuse de la mise en conserve, des solutions s’offrent à nous. Des solutions économiques, pleines de vitamines et d’autant plus savoureuses.


Voici donc des trucs et astuces pour manger local avec ce que cette saison a de meilleur à mettre sous la dent. Même des recettes, histoire d’inspirer et de donner l’envie de sortir les chaudrons et embaumer la maison d’odeurs alléchantes et réconfortantes. C’est l’occasion de préparer des plats pour la semaine. Les bienfaits d’une semaine avec un facteur stress en moins, sera des plus appréciables quand chaufferont les plats maisons déjà prêts. Ainsi, on se sent bien. 


Photo; Rémy M. Gagnon

Éclatantes betteraves

C’est fascinant de constater à quel point les betteraves sont colorées. Cela exprime à quel point ces délicieux légumes-racine renferment d’antioxydants.  Bref rappel, les antioxydants combattent les radicaux libres (les viandes rouges en contiennent particulièrement) et préviennent ceux-ci de faire des dommages dans l’ADN des cellules, en particulier les télomères qui sont au bout des chaînes d’acides aminés. Donc, il y a un effet anti-âge, sans entrer dans trop de technicité. La couleur intense, colorant les pots « Masson » de nos grands-mères, rappelle les tables  des réunions familiales sur lesquelles la matriarche familiale déposait les marinades. Il n’y a pas que cette façon de les déguster. Il n’y a pas que les rouges non plus. Les jaunes sont délectables à souhait.

La semaine passée, il y avait chez Bonanza, à St-Léonard, des sacs de 10 livres de betteraves pour 2,99$. Il n’y a pas de quoi se ruiner! Produit québécois en prime.

Après les commissions, commence la cuisine. Doucement, dans le plaisir, passons des journées pantouflardes à mitonner. Mettre de la musique, discuter, s’amuser. Voilà le programme.

Pourquoi ne pas en faire un potage? Les noix de Grenoble grillées ajoutent de la saveur et de la texture au plat qui est très facile à faire.


Potage à la betterave et poireau, noix grillées

5 lbs de betteraves en dés
3 gros poireaux coupés en deux, lavés et tranchés aux 5mm
4 L de bouillon de poulet ou légumes
Noix de Grenoble écrasées en morceaux
1 bouquet de basilic, ciselé
Huile d’olive
Crème 35%
Sel et poivre

Faire chauffer le bouillon dans une casserole. Faire chauffer 30 ml d’huile d’olive dans une autre casserole profonde de bonne capacité de volume. Faire suer le poireau jusqu’à ce qu’il devienne un peu transparent. Ajouter les betteraves en dés et laisser suer 5 minutes. Ensuite, mouiller avec le bouillon pour recouvrir complètement les légumes. Porter à ébullition et ensuite, réduire le feu et laisser mijoter au moins 45 minutes. Pendant ce temps, dans un poêlon, chauffer à intensité moyennement élevée et mettre les morceaux de noix de Grenoble pour les griller tel que désiré. Retirer. Quand les légumes du potage sont bien mous, retirer du feu, assaisonner et passer la girafe (mixette ou pied-mélangeur, selon le terme) jusqu’à texture lisse. Ajouter du bouillon pour la consistance, si nécessaire. Pour servir, couler en cercle, au choix, un e bonne huile d’olive ou de la crème. Déposer sur le dessus une petite poignée de noix grillées et le basilic.

Miaaam! Quoi de plus réconfortant un jour de pluie qu’un bon bol de potage chaud.

Délicieux et fins poireaux

En vedette qu’à ce temps-ci de l’année, les poireaux se vendent moins de 3 $ le gros paquet. Faisons-en des réserves pour l’hiver. Il ne suffit que le les parer, les laver et les congeler. Ils sont une excellente base pour les potages. Pour les amateurs, ils y a la crème de poireaux. Un classique.

Pommes et courges

Ceux-là sont emblématiques de l’automne. Pour les pommes, il y a bien-sûr les tartes, compotes et certainement les manger fraîches. Plus encore, nous verrons comment les mettre en potage avec la courge butternut. Les courges nous sont offertes abondamment en saison dans des variétés très originales. Elles n’ont pas fini de surprendre. Un tour chez l’épicier permet souvent de le constater. Courge spaghetti, courge butternut, citrouille, alouette. Vous ne savez que faire des restes de citrouille de l’Halloween? Nul besoin de les gaspiller. Si elles sont encore bonnes, grillez les graines enveloppées d’huile de canola au four à 400F pour quelques minutes, brasser et remettre un peu jusqu’à texture croustillante. Ajoutons-les aux salades pour plus de texture et de goût. Pour la chair, penser la réduire en purée pour en faire des desserts, de la tarte à la citrouille par exemple.


Potage courge butternut, chou vert et pomme servi avec graine de courge grillées et bacon ainsi que des croûtons au cheddar vieilli

1 courge butternut en dés, graines lavées à part
8 pommes pelées et cœur enlevé, tranchées en morceaux
1 chou vert coupé en morceaux
2 poireaux coupés en 2, lavés et tranchés aux 5mm
4 L (peut-être plus) de bouillon de légumes ou de poulet
1 paquet de bacon en dés
1 baguette de pain tranchée aux 5mm
Cheddar vieilli, au choix
Huile d’olive
Sel et poivre
1 c. à thé  de muscade

Chauffer le four à 350F. Verser 30 ml d’huile d’olive dans une casserole profonde ayant un volume suffisant pour contenir les ingrédients du potage. Chauffer à feu moyen et mettre les poireaux, faire suer jusqu’à ce qu’ils soient assez translucides. Ajouter les dés de courges et cuire 5 minutes en brassant de temps à autre. Ajouter le chou et les pommes et mouiller avec le bouillon  pour recouvrir le tout, mettre la muscade. Porter à ébullition et ensuite réduire le feu pour laisser mijoter au moins 45 minutes jusqu’à ce que ce soit très tendre. Ensuite, passer le pied-mélangeur jusqu’à texture lisse et ajuster la consistance avec le bouillon et assaisonner. Pendant ce temps, mettre le bacon et les graines de courges sur une plaque de cuisson et mettre au four au moins 20 minutes. Retirer quand le tout est bien grillé. Enlever l’excédant de gras, assaisonner et réserver. Monter le four à 400F. Étaler les tranches de baguette badigeonnées d’huile sur une plaque de cuisson et mettre au four jusqu’à coloration au goût. Retirer du four, mettre des tranches de cheddar vieilli sur chaque croûton et remettre à broil environ 4-5 minutes. Servir le potage dans un bol et déposer du mélange de bacon et graines de courge, ainsi que les croûtons gratinés à côté.

Ici on récupère les graines de courge et on marie le vieux cheddar au goût sucré des pommes dans le potage. Exquis!

La beauté de la chose

Après s’être fait plaisir en manger bien, notre corps et notre esprit, bien nourris, nous remercient. Il n’y qu’à se faire plaisir, être créatif. Manger de plus en plus local est possible à longueur d’année. Nous pouvons doucement redéfinir notre gouvernance alimentaire et comme consommateur, utiliser notre pouvoir de chacun de faire des choix éco-responsables et savoureux dans nos cuisines. Soyons fier de pouvoir faire partie du changement pour le mieux. Nos enfants auront cet héritage et, espérons, mangeront bien. Ils pourront manger « fait au Québec ». L’avenir commence maintenant, une bouchée à la fois.

Bon appétit!

Rémy M. Gagnon

Étudiant au B.A.A. en gestion du tourisme et de l’hôtellerie, ESG-UQAM et ITHQ